JUSTICE ET CRITIQUE DE J.RAWLS par LUC FOISNEAU Editions EHESS Collection audiographie

RECENSION écrite par PAUL BRIERE élève de 2°3

Justice et critique, John Rawls Editions EHESS collection audiographie

Luc Foisneau dans le cadre des Avant-premières en sciences sociales organisées au lycée a présenté son dernier livre Justice et critique sorti le 11 février 2014 aux éditions EHESS dans la collection Audiographie, écrit en partenariat avec Véronique Munoz-Dardé.

Philosophe français, actuellement directeur d'études à l’ EHESS, au CNRS et membre du CESPRA est spécialiste de la philosophie politique.

Selon lui, travailler en philosophie politique, c’est travailler sur des auteurs et des œuvres permettant de penser la justice, la démocratie, la souveraineté. Cette philosophie, bien qu’essentiellement argumentative et abstraite, utilise de réels exemples politiques.

Ce texte est précédé d'un long article de 53 pages de présentation rédigée par Véronique Munoz-Dardé et Luc Foisneau nous facilitant la compréhension de l’entretien donné en 1991, par John Rawls connu pour son intacte modestie à trois de ses étudiants des années de propédeutique en philosophie à Harvard. Il s’agit d’une rare autobiographie intellectuelle où Rawls explicite la genèse Théorie de la Justice paru en 1971, mais aussi sur son évolution intellectuelle, sur la construction de ce texte boîte à outils dont la maturation s'est étendu sur plus de vingt ans. Le contexte politique des États-Unis des années 1960 y est bien-sûr évoqué...

I) John Rawls

John Rawls (1921-2002) est un philosophe contractualiste, professeur dans les universités d’Oxford et Harvard jusqu’en 1995, dont les œuvres majeures sont la Théorie de la justice, 1971, La justice comme équité, 1985 où le titre anglais Justice as Fairness constitue un amusant pléonasme. Libéralisme politique écrit en 1993 fut son dernier texte. Il est aujourd’hui un des philosophes politiques les plus étudiés, et reste celui ayant influencé la plupart des philosophes politiques actuels. Comme mentionné dans l’introduction de Justice et critique, pour la rédaction de sa Théorie de la Justice, Rawls a été fortement influencé par la Théorie des jeux et du comportement économique de John Von Neumann, et par Political Argument, Brian Barry, 1965. Il débute sa formation universitaire dans les années 1940, et commence à écrire dans les années 1950. Dans la majorité de ses œuvres, Rawls critique l’utilitarisme. Il est influencé par le contractualisme, et par des philosophes comme Hugo Grotius (1583 - 1645), Thomas Hobbes (1588 - 1679), John Locke (1632 - 1704) ou encore Jean Jacques Rousseau (1712 - 1778).

Comment Rawls pose-t-il son propos philosophiquement ?

La lecture qu'en fait Luc Foisneau, est qu'un des principes sur lequel se fonde

le raisonnement de Rawls est la conception du bien. La Théorie de la Justice repose sur l’arrière-pensée que la conception du bien constitue la moralité d’un individu, et l’absence de conception du bien son immoralité.

La représentation personnelle varie selon les individus où chacun a une manière de bien vivre sa vie.

II) La Théorie de la Justice

Durant la conférence, Luc Foisneau montre à quel point Théorie de la Justice a influencé toute une génération de philosophes politiques, rendant Rawls incontournable. Théorie de la justice peut s'appréhender comme une « boîte conceptuelle ayant pour but de mener des justifications ou des formulations contre la politique actuelle lorsque l’on en est insatisfait. »

Luc Foisneau nous spécifie l’importance de la conception du bien dans la pensée de Rawls, avec un simple exemple rhétorique : « en ne partageant pas la même conception de la vie bonne que les gens qui vous entourent, comment vivre sous la même politique ? Comment trouver dans ce cas précis des règles ou des principes de la justice ? C’est ce à quoi Rawls répond partiellement dans la Théorie de la Justice. » L'oeuvre et la réception de l'ouevre en France ne fut possible qu'à partir de 1986 moment où Catherine Audard philosophe française qui enseigne à la London School of economics a traduit Rawls.

Après celles de la conception du bien, de la désobéissance civile, ou de l’objection de conscience, une des grandes revendications de l’ouvrage est de s’opposer à l’utilitarisme.

L’utilitarisme est la théorie de la justice - en tant que concept économique et non en tant que livre de Rawls - encore enseignée aujourd’hui. Il s’agit là du cœur même de l’économie et du raisonnement de l’économie. Si Rawls écrit Théorie de la justice, c’est qu'il reproche aux théories de l’utilitarisme(Mill, Babbage) de sacrifier la minorité pour la majorité, ce qu’il trouve, en termes de rapport des solutions individuelles, inconcevable.

Luc Foisneau mentionne également l'inscription du raisonnement de Rawls par rapport aux notions de choix et de négociation(s). Rawls a pensé que le choix des règles doit échapper à la négociation. Sa visée théorique consiste à imaginer une table de négociation où il y aurait une parfaite équité (pas de relation de pouvoir ou de discriminations sociales). Il imagine une négociation où il n’y a pas de négociation, où l’on ne négocie pas. Ce raisonnement fait clairement apparaître une situation de choix rationnel dans laquelle les principes de justice(s) sont ceux qui découlent de son livre La justice comme équité.

Luc Foisneau philosophe directeur d'études à l'EHESS et son jeune public d'un soir assistant à l'Avant-première en sciences sociales